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Des ailes d'elle
22 mars 2010

Le Mot

Je me souviens de l'heure et du lieu de notre première rencontre. Pour tout avouer, j'avais peine à retenir ton nom étrange. Je te balbutiais. Je m'en étais allé charmé et confus ne sachant dans quels termes te murmurer. Je me plaisais à te palper, à te tourner et retourner. Epris de toi, je me suis mis à lorgner ton corps superbement graphique et à t'observer comme ça dans ta curieuse nudité : un ensemble de cris perçus dans leurs modes et points articulés, orale, nasale, aigüe, grave, dentale, labiale, vibrante, sifflante...Jamais un être n'a été aussi bien disséqué. C'est alors que j'ai appris à te prononcer, nos liens se sont renforcés. J'ai connu tes jumeaux, tes voisins, tes cousins, tes rivaux et appris à discerner les nuances de leurs saveurs. Je t'ai lemmatisé en champs et familles et balisé les galeries qui ouvraient sur tes ailleurs. Je n'en soupçonnais pas les innombrables quartiers*.
C'est devenu une mosaïque avec des avenues étendues en lignes et interlignes, croisées, étagées ou dressées en cathédrales scripturales. J'appréciais ta fidélité et fus surpris de ta docilité, disposé à t'approprier à mes fantaisies, à me crier mes quatres vérités et à orner ma page de superbes tropes.
Je t'ai alors rangé dans le rayon des genres recherchés et inventé des sols où je peux t'admirer dans tes plus belles corolles.
J'ai cru à ton immortalité, à ton pouvoir de nommer l'absence, de bruiter le silence et de reproduire l'être le plus mal connu.

*Degré d'ascendance noble.

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